Pour une tarification postale équitable en faveur du livre

 

Dans un entretien qu’elle a donné à la chaîne LCI, le 2 novembre, Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la culture a déclaré :« Nous avons obtenu que les tarifs postaux des libraires soient considérablement diminués. C’est très attendu et très demandé ». Cette annonce répond à une action que l’association l’autreLIVRE mène depuis maintenant quinze ans (voir les États générauxrevendications de l’autre LIVRE pour l’édition indépendante, publiés sur le site de l’association dès 2005), en recherchant toujours l’union la plus large de tous les acteurs de la chaîne du livre : éditeurs, libraires, distributeurs et particuliers.

 

Malheureusement, alors que sont maintenant indiquées les modalités de cette mesure, les craintes que nous avions au moment de son annonce se révèlent fondées : le ministre de l’Économie, M. Bruno Le Maire, qui nous avait dit partager l’objectif énoncé, en a précisé les termes. C’est l’État, c’est-à-dire la puissance publique, qui va prendre à sa charge l’essentiel du coût des envois des libraires, pendant la période du confinement.

Cette mesure, contre toute logique, est donc définie comme temporaire et liée au confinement. Les acteurs indépendants du livre, est-il besoin de le rappeler, suffoquent pourtant sous le poids des tarifs d’envoi depuis plus de quinze ans, et le problème s’aggrave encore avec la montée du prix du timbre (10% par an depuis 2018).

Ce problème, comme nous l’indiquons, n’a rien de conjoncturel, même s’il est particulièrement sensible pendant la crise sanitaire, où tous les acteurs du domaine, libraires, éditeurs, distributeurs, auteurs, et même particuliers sont contraints d’agir par correspondance.

Si le gouvernement veut relancer le secteur du livre, il doit le faire de façon durable. 

 

Deuxièmement, nous apprenons que cette aide est réservée uniquement aux libraires. Or les éditeurs, qui envoient leurs services de presse, les auteurs, les distributeurs et les particuliers font également les frais des tarifs postaux exorbitants et parfois dissuasifs pour l’envoi d’un livre, et cette restriction ne fait pas sens. 

Pour une véritable équité, efficacité et simplicité au sein de la chaîne du livre, c’est la circulation de l’objet-livre qui devrait être favorisée, et pas l’un de ses acteurs. 

Des tarifs préférentiels s’appliquent dans le domaine de la presse, ils s’appliquent pour les envois de livres à l’étranger. Quel est le sens de cette distinction ? Pour défendre le livre et la culture, nous réclamons un tarif « livre » pour la France, universel, permettant à tous les professionnels ainsi qu’aux particuliers de faire mieux vivre le secteur du livre. 

 

Francis Combes

Président de l’autre LIVRE