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l'autre LIVRE

Les Germanophonies

Terre Ciel Enfer

Terre Ciel Enfer

de Laurent MAINDON

Les Germanophonies (VER À SOIE (LE)) | Paru le 30/03/2023 | 15,00 €

Un jour j'ai dû marcher dans l'herbe tendre

Un jour j'ai dû marcher dans l'herbe tendre

de Carolina SCHUTTI

Les Germanophonies (VER À SOIE (LE)) | Paru le 09/02/2018 | 15,00 €

Un village dans l'ombre et une tante qui ne parle pas du passé: c'est dans ce monde que, du jour au lendemain, Maïa se retrouve plongée. Avec la mort prématurée de sa mère biélorussienne, c'est aussi sa langue qui se perd. Maïa ne comprend pas la tante qui désormais s'occupe d'elle. Dans la maison isolée, il n'y a pas beaucoup de distractions pour cette petite fille introvertie. Marek, un ancien travailleur forcé polonais, est le seul chez qui elle trouve chaleur et affection. La musique de la langue qu'il parle réveille en elle les souvenirs de ses propres racines oubliées, de la langue perdue de sa petite enfance : « Je ne suis pas revenue, je n’ai pas pu, on m’a donné une matriochka qui ressemble beaucoup à la vieille, à celle que ma tante peut-être avait cachée ou jetée. Je l’ai ouverte et j’ai posé toutes les poupées les unes à côté des autres. Des scènes de conte sont peintes sur leurs ventres, mais maintenant, lorsque ces histoires me reviennent en mémoire, cela me rend triste. En même temps que ma mère, j’ai perdu ma langue, les phrases pour souhaiter bonne nuit et les phrases pour consoler, ces paroles qui berçaient comme une douce vague, cette langue comme une île qui n’existait que pour nous deux et sur laquelle nous voguions à travers la ville, de la boulangerie au terrain de jeux. Un seau, une pelle, un petit pain, je ne me souviens plus avec quels mots allemands je suis arrivée chez ma tante. Et à présent : des phrases pour consoler qui viennent du dictionnaire, des phrases pour consoler enregistrées sur magnétophone, mais le bercement n’est plus là, les phrases restent oubliées. »

Gertrud, Monologue pour Choeur de Femmes

Gertrud, Monologue pour Choeur de Femmes

de Einar SCHLEEF

Les Germanophonies (VER À SOIE (LE)) | Paru le 30/11/2016 | 20,00 €

Gertrud, Monologue pour chœur de femmes, traduit de l’allemand par Marie-Luce Bonfanti et Crista Mittelsteiner
accompagné de Gertrud – Bribes de mémoire, création musicale pour 6 comédiennes et instruments de Henry Fourès
Postface d’Elfriede Jelinek.
Illustration : © Adagp, Paris, 2016. Schleef Einar, Selbstildnis, Ende der 60er Jahre.
ISBN : 979-10-92364-25-5
Format : 140 x 180 mm
Nombre de pages : 86
Prix public : 20 euros
Disponible le 30 novembre 2016

Je tâtonne sur une vaste surface, mes yeux collés, pieds nus, cendre entre doigts de pieds, ma robe courte, brune, élimée, me cogne les jambes. Mon châle à poussier autour de la tête, je suis amaigrie, les seins creux, ma robe semble être une blouse brune une vague blouse brune, nouée avec une corde, la desserrer tant elle coupe profondément dans la chair, sens ma peau, sillons et côtes, frotte les yeux penchée en avant, la crasse tient bon, paupières collent, les nuages doivent être sombres, s’ils dérivent, se baisser jusqu’au sol, ma main le touche, je sens de la cendre, mais ça doit remonter à une éternité, quelque chose travaille en moi, pousse en avant, mais qui est-ce. Je frappe la poitrine et tâtonne à nouveau. Si j’avais un bâton. Des bâtiments à l’horizon. Ou une lumière. Ça brille doucement, vaguement, oui je sens déjà les rayons sur le visage. Mes cheveux sont blancs, je trébuche, la cendre est tendre. Doucement. Les nuages semblent dériver vraiment rapidement. De la fumée. Derrière du jaune, c’est le soleil. Mais pourquoi ça ne se précise pas. Pluie commence. Silence, juste un fin goutte-à-goutte, pourquoi la cendre ne se mouille pas. Ça viendrait des bâtiments, dans les étages se reflète le soleil, voilà pourquoi il ne m’atteint que de temps en temps.

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Ce livre est publié avec le soutien du Centre national du livre, le concours de la région Île de France, et en association avec la compagnie inExtremis.

Une première présentation de ce texte inédit a eu lieu lors d’un après-midi d’hommage à Einar Schleef sous la direction de Crista Mittelsteiner, intitulée J’étais là, mais le théâtre était parti, lors du Festival d’Avignon 2008 dans le cadre des Rencontres d’Été à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon. La traduction de ce texte a également bénéficié de l’aide de Transfert Théâtral, du CnT et du CNES-Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon.

Ce livre-CD a reçu le Label « Rue du Conservatoire », association des élèves et anciens élèves du CNSAD.

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La création musicale pour 6 comédiennes et instruments de Henry Fourès qui accompagne ce livre a fait l’objet d’une commande de Le Ver à soie, Virginie Symaniec éditrice. Elle a bénéficié des soutiens de l’Adami, de la Cité de la Voix, de Musique Française d’Aujourd’hui (MFA) et du Goethe Institut. Elle a été réalisée en coproduction avec la Compagnie inExtremis et le Gmem - Centre National de Création Musicale de Marseille.

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Tous nos remerciements vont également aux généreux donateurs qui ont soutenu la réalisation de ce projet exceptionnel.

 

Désordre

Désordre

de Einar SCHLEEF

Les Germanophonies (VER À SOIE (LE)) | Paru le 05/12/2014 | 15,00 €

Publié avec le soutien du Centre National du Livre, le concours de la Région Île de France et en association avec la compagnie inExtremis.

Recueil de récits d’un exilé de la RDA, enfermé à Berlin, face à son mur intérieur et à son passé emmuré.

Préface de Elfriede Jelinek

© Illustration de couverture: ADAGP, Paris 2014, Einar Schleef, Selbst in Bademantel (Autoportrait en peignoir), années 1980.


Date de disponibilité : 5 décembre 2014
ISBN : 979-10-92364-13-2
Prix : 15 euros

Oublier. Quand j'écris là j'y arrive, maux de tête à cause du martèlement, là je ne dois pas penser, là martèlent les tempes. Je cours jusqu'au métro, roule Porte de Kottbuss et fonce jusqu'au Mur. En vis-à-vis lumière et eau. Là je reprends mon calme, vois le poste frontière, lui moi, je fais demi-tour vers la maison. Souvent je me représente cela, qu'il tire, je ressens le tir en moi, la tempe s'ouvre, mon sang se répand sur la poitrine, je bascule en moi-même. Sable dans la bouche je tombe de côté. Un petit pas de trop suffit pour cela, bienvenue.

"Il n'y a eu que deux génies en Allemagne après la guerre, à l'Ouest Fassbinder, à l'Est Schleef. Tous deux étaient insatiables, mais seulement pour pouvoir donner d'autant plus. À la fin, ils se sont donnés eux-mêmes".

Elfriede Jelinek, 2001

"Einar Schleef appartient aux quelques êtres humains qu'il m'arrive d'envier. Ses travaux dans les divers domaines de l'art font toujours sauter le cadre et, dans tous les cas, mettent l'art – où ce que l'on entend sous ce terme – en question. Ils appartiennent à la matière dont sont faits les rêves du siècle, ses cauchemars aussi. (...) La première qualité de sa littérature est la renaissance du conteur dans l'esprit de la langue – qui est d'abord le parler, un affront contre la « littérature », contre l'écriture. Il sait avec Kafka que l'art est une affaire du peuple. Parmi les morts, c'est Kleist qui lui est le plus proche – un poète sans peuple".

Heiner Müller

Einar Schleef, disparu à 57 ans en 2001, était un artiste culte en Allemagne : ses talents d'auteur, de peintre, de metteur en scène, de scénographe, voire de photographe, ont marqué tant la scène théâtrale que la littérature allemandes. Homme de théâtre avant tout, mais également auteur, peintre et photographe, ce créateur – figure majeure et déjà mythique de la scène artistique allemande au cours de ces trente dernières années – demeure encore peu connu au-delà des frontières germanophones.