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l'autre LIVRE

Ligatures

Ils restent

Ils restent

de Marie-Hélène LAFON, Éric COURTET

Ligatures (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 18/03/2023 | 25,00 €

« D’où viennent nos pères ? Qui sont-ils ? Que transmettent-ils ? Et qu’attendent les fils ? » sont les questions que pose Éric Courtet. Les non-dits balisent nos vies le plus souvent, et nous faisons avec, reconstruisant notre propre histoire et celles de nos aînés. C’est ce silence qui est ici souligné avec ces portraits de pères et de fils réunis, de tous âges, un « arrêt sur image » qui puisse enclencher une narration pour le regardeur, en territoire intime — une autre vérité.

Au-delà des ressemblances (ou leur absence) entre les sujets, c’est avant tout les jeux de regard, les postures et les gestes qui frappent. Tendresse ou dureté, pudeur, gêne ou affection, complicité ou timidité, malaise… ces sentiments, auxquels participent le décor et les tenues, ne sont pas donnés d’emblée mais évoqués par le hors-champ, l’au-delà de l’image. Derrière la frontalité apparente, quand bien même les sujets sont de dos, c’est une approche fragile de tous les nœuds éventuels, tous les secrets qui relient les pères et les fils ; les transmissions possibles ou rejetées, professionnelles ou de toutes sortes (le goût pour tel sport, la musique, la nature…) — en un mot : les racines, qu’on est invités à interroger, entre passé et futur, parce qu’ils restent, les pères, les fils.

Les racines ou les sources… Marie-Hélène Lafon, dont on connaît l’obsession dans ses livres pour l’arrachement et l’attachement à une terre d’enfance, s’est glissée entre ces images pour y proposer sa propre narration, sa propre lecture des silences. Par petits blocs de prose dense (et deux poèmes), elle redonne parole aux fils, et peu importe qu’on puisse retrouver tel ou tel élément des images dans ces textes, ils ne font surtout pas légendes parce que ce qu’on entend c’est une voix, où affleurent sentiments et sensations toujours paradoxales — humaines. Proposant une mémoire à ces fils, elle nous invite à son tour, avec Éric Courtet, à interroger la nôtre, à regarder ces visages, ces attitudes à l’aune de notre propre histoire, en écho. À lire la fragilité des généalogies et des filiations, comme, des arbres, « [la] peau, [le] grain, [les] velours. [Le] silence. »

L'enclos du vent

L'enclos du vent

de Erwann ROUGé

Ligatures (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/02/2017 | 18,00 €

L’enclos du vent : ici se dessine un territoire, clos très paradoxalement – peut-on circonscrire le vent ? N’est-ce pas plutôt le livre en soi, cet espace ?, où va-et-vient entre l’image et le mot, recherche de l’image sous la paupière comme du mot sous la langue jouent « le même affût pour l’intime », « un étrange abandon // le frêle de quelque chose / inattendu ».
Les poèmes sont organisés en quatre parties, ou plutôt quatre temps, ponctués par des séries de photographies distinctes. Aucune de ces parties n’est cependant repliée sur elle-même, laissant circuler les croisements entre images et mots comme par variations, vibrations. Photos et texte sont empreints de fragilité, d’extrême attention au sensible, on y sent le toucher, la respiration, quelque chose de charnel ; tout passe par le corps : les yeux, la peau – Erwann Rougé parle d’« intuition d’un vertige », de « tressaillement des lueurs, des plis et des creux » à propos des images de Magali Ballet, mais on peut aussi bien l’appliquer à sa poésie. Ici, « aucune frontière / ne trace de ligne // entre faille et faille // l’oiseau s’appuie sur l’air / à ce qui parle bas // autour d’une fragilité de plus ». L’oiseau en métaphore, filigrane (qui parcourt toute l’œuvre d’Erwann Rougé), traverse du corps et du paysage : « là-bas    le vent tient une plume / entre deux eaux // pour tout nommer / tenir l’air – toucher l’aile // cette commotion d’aimer // à coup de bec / ou presque ».

Intempéries

Intempéries

de Jean-Yves COUSSEAU, Sarah CLÉMENT, Eric AUDINET, Tom RAWORTH

Ligatures (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 11/11/2016 | 25,00 €

Intempéries, projet initié par Jean Yves Cousseau au début des années 1990 en grande complicité avec les auteurs, n’avait finalement jamais pu voir le jour. Sa pertinence, sa force font qu’aujourd’hui il semblait naturel de le publier dans la collection « Ligatures », à peine repris, dans la même complicité initiale. C’est en parfaite résonance que se situent les trois auteurs par rapport à la photographie de Jean Yves Cousseau. Si son univers forme une unité – ou continuité pourrait-on dire, tant l’artiste s’est déplacé au fil des années tout en visitant et revisitant toujours les mêmes thèmes (des photographies plus récentes ont rejoint les plus anciennes) –, il est ici décliné en trois séries permettant à chacun des auteurs de s’y immiscer avec sa voix singulière. Et ce sont alors quatre voix qui alternent pour dire le mauvais temps à l’œuvre de toute vie (intempéries), mots et images suivant le même fil tout en conservant leur autonomie ; résistant au temps qui ronge, à la fatalité, à la disparition ; se glissant pour cela dans les interstices de tout ce qui vit, bouge, se transforme – jusqu’avec intempérance (abus, excès, certes, mais également liberté excessive, souvent associée au langage…).

Versailles Chantiers

Versailles Chantiers

de Christiane VESCHAMBRE, Juliette AGNEL

Ligatures (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/11/2014 | 18,00 €

Une, traversée

Une, traversée

de Yves DI MANNO, Anne CALAS

Ligatures (ISABELLE SAUVAGE) | Paru le 15/11/2014 | 24,00 €