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l'autre LIVRE

Abdellatif CHAOUITE

Chaleur-Patio de mémoire

Chaleur-Patio de mémoire

de Abdellatif CHAOUITE

hors collection (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 24/08/2021 | 22,00 €

Ce magnifique ouvrage poétique et philosophique explore la langue et plus précisément les langues, celles qui parlent et se parlent, en rémanences, ressentis et rêveries méditatives. Le fil de la pensée, de la langue parlée ou écrite, comme celui des souvenirs, métaphore du fil de l’eau qui de la source à l’océan est transformation permanente.

Ces langues tracent les chemins de traverse des unes aux autres, comme des cours d’eau tumultueux qui s’alimentent de multiples ruisseaux.

L’auteur nous propose deux textes qui s’entremêlent, qui cheminent en résonances, en flux ou en fragments à travers deux contextes. L’un de près, suscité par la proximité de la mort rôdeuse puis faucheuse, l’autre de plus loin dans le temps et dans l’espace. Délibérément, ils se sont croisés en flots de souvenirs, réminiscences et pensées volantes.

Les poèmes comme des respirations viennent fragmenter ces textes vertigineux, les ponctuer de quelques blancs où l’espace se dilate et propose au lecteur une forme de divagation plus lente, un souffle, une surface apaisée comme celle d’un lac. L’auteur nous invite ainsi chaque fois, comme dans une nouvelle boucle, vers une nouvelle source et le sens des mots, des pensées reprennent un déroulé, se rapprochent et s’éloignent dans une même danse, un maillage délicat, une dentelle précise et à la fois un foisonnement riche et précieux. La pensée élaborée d’Adellatif Chaouite, ce cheminement intime qu’il nous propose à travers ses langues est aussi une invitation à prendre la route, à créer, construire et reconstruire notre propre langue, à acquérir une forme de liberté et d’autonomie de penser, à dessiner un imaginaire nouveau, multiple commun et pourtant singulier.

ZYADA Le livre du couchant

ZYADA Le livre du couchant

de Abdellatif CHAOUITE

Les merles moqueurs (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 30/03/2015 | 20,00 €

Comme souvent chez les « secondes générations » d'un exil rural, les langues de la ville et de l'école (fortes de leurs pouvoirs) semblent avoir « spectralisé » chez lui la langue de son ascendance. Sa propre migration ensuite, dans les années 1970, en France, n'a fait que redoubler cet écho, et l'interrogation qui allait avec : « dans quelle langue parler le silence de La langue ? »Dans la sorte de « fable » qu'il propose ici, au lieu cependant de sombrer dans la nostalgie crépusculaire du nom de ce silence (le « Couchant »), cette question relance le défi d'une relation vivante entre les langues : leur entremêlement dans une « hospitalité » reconnaissante. Or, si cette « hospitalité » dont on sait combien elle pose souvent problème dans nos Sociétés est l’objet central des études que propose la revue Écarts d’identités que l’écrivain dirige à Grenoble depuis 1992, elle est ici le prétexte de cette « fable », dans laquelle langue et désir dansent un ballet surprenant par lequel la relation, souvent approchée avec cette lourdeur nécessaire cependant à l’analyse, entre soudain dans la légèreté et la grâce.

Charles Bonn

 

Extrait...

 

“ Il n’avait alors comme bagage pour se lancer dans l’aventure que quatre langues : l’une l’arrimait à l’architecture souple, au souffle ample et aux horizons prometteurs de son alphabet, l’autre le suspendait éternellement à ses harfs ou bords ainsi qu’elle nommait les signes de sa splendide calligraphie, la troisième, plus souple, plus riante et plus accueillante, mélangeait allègrement les signes de toutes les autres mais souffrait, dégradée en sous-langue, du mépris de ce mélange même. Et la quatrième... la quatrième ? Ho ! Celle-là était chronologiquement première, mais se vivait en lui comme ravalée ou recroquevillée dans une réserve ou un semi-silence, et le captait de même dans une sorte de blancheur, retenant au loin l’énigme de ses tatouages ! Quatre idiomes et, à leur croisement, un vague sentiment de désœuvrement et une énergie déliée et un brin déviante. ”

 

Toute forme de salut est aussi promesse. Elle voue à établir ou rétablir la relation et mieux encore l’amitié entre celles et ceux qui se saluent. La relation comme l’amitié s’établissent entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les hommes, les femmes et les pensées et la vie dans toutes ses formes, animées et inanimées. Une politique et une poétique de la présence.