Bienvenue au cœur de l’univers carcéral, celui vu de l’intérieur par les détenu(e))s

Peur, doute, sentiments ; tout se mélange pour faire vivre à tous ceux et toutes celles qui liront cert ouvrage, la vie d’une prisonnier(ère), d’une cellule, d’une prison.

« Verrous » est une collaboration poétique entre Sandrine Davin, qui a déjà publié 16 ouvrages, et James Lilley, poète et professionnel des arts martiaux. Les poèmes de Sandrine sont en français, ceux de James, en anglais !

Le sourire est une chose sacrée, comme tout ce qui répond par une réponse plus grande que la question, ainsi que l’écrit le poète Christian Bobin.

Qu’il soit un signe de joie, d’amour, un acte de courage ou de foi, le sourire est un mystère purement humain, à commencer par celui des nouveau-nés. Alors comme tout mystère sacré, seul le langage poétique peut en dire quelque chose, et peut-être même nous rendre notre sourire, sait-on jamais.

« Et le croissant de lune me rappelle

Que même quand il fait noir

La vie elle, n’arrête pas de sourire. »

Que dit notre attente, lorsqu’elle brûle, dénudée, de se retrouver au bord d’un espoir vacillant, lorsque « de nuits en nous nous n’avons plus » ? Si l’être vacille, cet entre-deux n’est pas celui d’une nuit noire : les nuances creusées, ciselées par la force des mots travaillent à recoudre nos déchirures, œuvrant à toucher l’inflammable pour mieux approcher l’édifiante ferveur du consentement à l’amour qui nous quitte. Autant les dessins de l’artiste-peintre Corine Pagny laissent trace de silhouettes/des corps de nous-mêmes sur le fil, chavirés au bord, aspirés par le centre de ce qui subsiste ; autant les mots du poète nous interpellent au point de bascule où nous place l’existence pour nous voir revenir de « la désarmance » à « l’herbe coupée qui chante encore » lorsqu’elle « ourle le monde à bâtir ». De cette composition surgit une ambiance dont Pérémarti nous avait entrouvert les portes dans ces publications précédentes. Ce livre constitue un appel à notre soif/notre faim de vivre.

Comme un répons, les images prennent vie au rythme des mots et les couleurs deviennent l’écho des paysages intimes du poète, entre songes et souvenirs.

Une vieille légende raconte qu’ils sont colportés par les vents et les vagues, par delà les dunes de sable, au fil des saisons. La nature, la matière, les objets résonnent encore des rires et des plaintes que l’on est invité à suivre sur ces chemins bretons insoupçonnés, lumineux, mystérieux et qu’aucune frontière ne peut arrêter.

La vie est un périlleux exercice d’équilibre entre lumière et nuit, cri et silence, rhubarbe et séné. L’homme avance à tâtons en s’appuyant sur un passé disparu et un avenir dont il ne sait rien, la main sur un présent insaisissable 

un pied dans la glaise

l’autre sur l’inconnu des heures

et il avance…