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l'autre LIVRE

Dominique SALON

Curtis

Curtis

de Dominique SALON

A CHARGE (A PLUS D'UN TITRE) | Paru le 15/09/2008 | 7,00 €

 

Le texte...

« Curtis est sec et rapide, essentiellement visuel, expressionniste. La psychologie y est quasiment inexistante, du moins dans le sens habituel qui sert à camper un personnage-narrateur, à le suivre, à s'identifier. On relit Curtis comme on se repasse un film, en choisissant le moment opportun. Il y a toujours quelque chose de nouveau qui échappe à la compréhension et se déplace, un peu comme dans les livres de Vischer, dadaïste. »

 

Extrait...

Curtis connaissait rien d’autre que la nausée. Curtis était black.

Curtis se la pétait black.

Curtis était fier.

Curtis était beau.

Curtis écrasait tout tellement ça le faisait.

Curtis avait la classe.

 

Les histoires démarraient train-train, les rails droits devant, tout allait bien. Ça inventait un âge d’or, le paradis pas perdu et merde ! Le tragique. On connaissait la chanson, ça surgissait sans crier gare. Le trou noir. Tout refaire. Lutter sans autre choix. Rester à la surface. Les pieds moulinaient dans la mer pour garder la bouche en l’air. Ça durait des heures. Une vie. S’en sortir encore et encore. On y croyait. On faisait la planche. On se disait « j’y suis ». On se surprenait à être bien. C’est pour moi, vous êtes sûrs les mecs ? L’état de grâce, bon sang. Tout collait. Les flux apaisés. Les reflux en caresses. L’esprit et le corps ensemble. Mais non, les travaux d’Hercule, la bataille avant le prochain arrêt. Les Marquises à peine entrevues. En finir pour du qui mieux mieux et rebelote. À la mort, à la vie. Hop ! Hop ! Conclusion, fallait creuser un trou au milieu de ce merdier, un énorme trou, une tombe, un abri où se réfugier et laisser passer la vague. Carburer tête baissée. Pire encore, tenir le rythme, se consumer, arriver au bout et vite et bien. Rêver d’un trou. Ensevelir cette tumeur narrative. Garder les contours. Juste la coquille. La forme parfaite. Fuir le tragique. Du banal sans le romanesque. Fuir le cinéma. Prendre le pognon, mon frère.