Francis Combes, président de l’association l’Autre livre, représentant des éditeurs indépendants, revient sur les déclarations de la ministre de la Culture. Des frais de port revus pour les libraires, afin de les aider dans la vente par correspondance, tout cela est bien beau. Mais quid des éditeurs?? Francis Combes pose ici quelques questions évidentes.

 


Dans un entretien qu’elle vient de donner à la chaîne LCI, ce, lundi 2 novembre, Mme Roselyne Bachelot, ministre de la Culture a déclaré : «?Nous avons obtenu que les tarifs postaux des libraires soient considérablement diminués. C’est très attendu et très demandé?», a-t-elle indiqué. Et elle a ajouté : «?Là, nous allons diviser les tarifs postaux d’envoi des livres par trois ou quatre. Ça dépendra des envois, si vous en achetez un ou dix. [...] »  
  
Nous nous réjouissons bien sûr de cette annonce. Elle rejoint une revendication que notre association porte depuis plus de dix ans et que nous avons réitérée dans le Plan d’urgence pour le livre que nous avions remis à la ministre. Si cette annonce est suivie de mesures concrètes permettant son application, cela constituerait une très bonne nouvelle pour le livre et la culture dans cette période où celles-ci sont rares.

Néanmoins plusieurs questions se posent;

Est-il envisagé de n’en faire qu’une mesure provisoire qui ne vaudrait que pour la période du confinement?? Ce serait évidemment assez incompréhensible, car la question posée par le niveau exorbitant des tarifs postaux appliqués aux livres n’est pas un problème conjoncturel, mais un problème de fond touchant à l’exercice de nos professions et à la vie du livre.

Cette mesure sera-t-elle réservée aux seuls libraires ou pourra-t-elle bénéficier à tous les acteurs de la chaîne du livre?? C’est évidemment ce que nous demandons?; le poids des dépenses postales dans le budget de quelque 200 maisons d’édition indépendante que nous représentons est considérable et parfois même les étrangle.

En fait, cette mesure ne doit pas concerner tel ou tel acteur de la filière, mais l’objet livre lui-même, que l’on soit auteur, éditeur, libraire, bibliothécaire ou particulier. C’est impératif si on veut aider à la circulation des livres et à leur promotion.

Enfin, nous avons bien sûr besoin d’en savoir plus sur le détail de la mesure annoncée : montant des tarifs envisagés, conditions de la dégressivité, délais de mise en œuvre.

Nous espérons recevoir très vite des précisions.


NDLR : Une éditrice qui propose des ouvrages adaptés nous écrivait récemment, «?dépitée par cette mesure?», pour en souligner cette incohérence. «?Les tarifs postaux augmentent encore en janvier. Donc les petits éditeurs indépendants sont et restent les dindons de la farce, car peu présents ou absents dans les librairies. Un tarif postal moindre pour tous les métiers du livre serait plus équitable?!?»

Et d’ajouter : «?Fatiguée des 2 poids 2 mesures?! Les tarifs sont 1/3 moins cher pour envoyer mon livre en Belgique qu’en France, pourquoi promouvoir la culture à l’étranger?? Commençons par défendre notre culture locale et les petits entrepreneurs. Pourquoi ne pas donner la parole aux petits éditeurs?? Comment faire mon métier et défendre les artistes de ma maison sans être étranglée par la poste, le confinement, la non-visibilité, etc. ?

crédit photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0

Source : Actualitté