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l'autre LIVRE

Cécile CANUT

L'île des femmes. Paroles de batukaderas de l'île de Santiago (Cap-Vert)

L'île des femmes. Paroles de batukaderas de l'île de Santiago (Cap-Vert)

de Cécile CANUT

Textes en contexte (PÉTRA) | Paru le 31/05/2017 | 18,00 €

Lors de la préparation du tournage du documentaire L'île des femmes, Cécile Canut demande à Isalina Jassira Pinto, alias Ja, dedevenir l'actrice principale du film au cours duquel cette dernière décrira son aventure par écrit. Ces textes retravaillés ensemble constitueront la matière de la voix off du film tout autant qu'ils apparaîtront à l'image, en train de s'écrire. Quelques mois plus tard, alors que le film est terminé, ce livre se présente comme un dialogue d'écriture décalé dans le temps, entre la réalisation et l'écriture de Ja devenue, dans l'intervalle, matière cinématographique. Au-delà des moments exceptionnels partagés entre les deux femmes tout au long du tournage sur l'île de Santiago, il s'est agi pour Cécile Canut de faire intervenir une multitude de voix de femmes croisées en chemin, et notamment des batukaderas. Ces femmes paradas – “arrêtées” – comme elles se nomment, celles qui n'ont pas pu partir à l'étranger, tente de construire leur vie malgré les difficultés. Elles ne comptent plus sur les hommes depuis longtemps. Par contre, elles se sont réapproprié une pratique inventée par les esclaves : le batuku. Le batuku fait partie des formes musicales les plus anciennes de l'île de Santiago. Caractérisé par un rythme euphorique, des mouvements saccadés du corps, une orchestration basée sur les voix et les percussions, il est devenu essentiellement féminin : les femmes chantent des textes où il est question de leur vie quotidienne, des difficultés de la vie de couple, ou de la séparation. Si elles sont les immobiles, leur vie prend sens à travers cette formidable expression de leur personnalité, tout à la fois cathartique et revendicatrice.

À la suite du film, ce livre revient sur la rencontre de ces femmes-hommes (ainsi qu'elles se nomment elles-mêmes), en démultipliant les voix d'une expérience intense.

Mise en scène des Roms en Bulgarie. Petites manipulations médiatiques ordinaires

Mise en scène des Roms en Bulgarie. Petites manipulations médiatiques ordinaires

de Cécile CANUT, Stefka STEFANOVA NIKOLOVA, Gueorgui JETCHEV

Textes en contexte (PÉTRA) | Paru le 04/04/2016 | 20,00 €

Le discrédit jeté sur les dénommés « Tsiganes » ou « Roms » en Bulgarie se manifeste de différentes manières : si ces derniers font l’objet de discours dépréciatifs comme dans bien d’autres pays d’Europe, leur situation résulte d’une histoire spécifique. Les figures de l’anathème qui tendent à les exclure de la vie publique au nom de leur « nature » supposée sont particulièrement activées dans les médias. Alors que de nouvelles voix critiques se font entendre du côté des jeunes journalistes notamment, la mise en scène d’un groupe renvoyé à des stéréotypes récurrents ne cesse d’être véhiculée dans l’espace public. Ce livre prend appui sur trois exemples d’émissions télévisuelles récentes, afin de décrypter les enjeux de la mise en mots et en images des Roms visant à leur criminalisation. L’analyse de ces enjeux politiques est enrichie par les points de vue de plusieurs femmes roms (recueillis par Gueorgui Jetchev) et des textes de Stefka Stefanova Nikolova, auteur de La Vie d’une femme rom (tsigane), une des premières résistantes à la stigmatisation dont son quartier fait l’objet.

 

Cécile Canut, réalisatrice et sociolinguiste, professeure à l’université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité (Cerlis), travaille sur la circulation des discours socio-politiques en liens aux pratiques langagières de personnes en situation de mobilité. Elle a engagé, depuis plus de dix ans, un travail artistique (série documentaire, traduction de textes, publications) avec les femmes roms du ghetto de Nadejda à Sliven en Bulgarie où elle se rend régulièrement. Elle a traduit et préfacé les textes de Stefka Stefanova Nikolova, La Vie d’une femmes rom (tsigane) chez Petra. Par ailleurs, elle a dirigé le projet La Migration prise aux mots et publié plusieurs ouvrages portant sur l’inventivité langagière, discursive et artistique en Afrique. Dans ce cadre, elle a réalisé le film L’Île des femmes (tutti quanti films). Elle est aussi à l’origine d’une réflexion critique sur la notion de langue (Une langue sans qualité, Le Spectre identitaire).

Gueorgui Jetchev est professeur de linguistique française à l’université St Kliment Ohridski (Sofia, Bulgarie).